(breaking up slowly), miro.

breaking up slowly / avril 2036

Tu prends une longue inspiration, relevant ton menton vers le ciel. Ce dernier est dénué de nuages, d'un bleu pâle. Longtemps, que tu n'as pas pris le temps de le regarder. Longtemps, que tu ne t'es pas autorisée à profiter de la brise contre tes joues sans regarder par-dessus ton épaule. Ici, tu es en sécurité. C'est ce qu'on t'a assuré. Tu ne sais pas trop quoi en penser, tu ne sais pas trop si tu resteras, mais pour le moment tu accueilles sans trop de peine cette tranquillité. Si au moins, ta visite par Jackson te permet de fermer l'oeil et de profiter de quelques nuits pas trop agitées, alors ça sera ça. Tu es arrivée la veille, tu n'as pas beaucoup dormi, et tu décides de commencer ta journée par une petite balade autour de cette ville qui s'est érigée dans ce creux de montagne. On t'adresse des petits sourires timides, des coups d'oeil curieux, et tu observes la manière dont cette communauté s'éveille, le soleil encore doux à cette heure de la matinée.

Tu tires légèrement les manches de ta veste, t'attardant près du cimetière, observant l'église découper le ciel. Tu as cherché cet endroit, et t'y voilà enfin. Alors pourquoi as-tu encore ce creux dans ta poitrine ? Mais ce vide, il est là depuis des années, et jamais tu n'as pu le combler. Tu continues ta route, tranquillement, jusqu'à ce que tes yeux s'arrêtent sur une silhouette venant vers toi. Des épaules carrées, une tignasse foncée, et un regard que tu ne pourrais jamais oublier. Ton coeur s'arrête, sursaute, trébuche. Toi, tu paralyses.
Impossible.
C'est impossible.

« Miro ? » Le nom s'étrangle dans ta gorge, s'échappe en un simple soupir. Tu n'oses pas croire ce que tu vois - mais c'est bien lui, devant toi. Ton coeur est partagé entre un immense bonheur et un désarroi qui te donne le vertige. Miro. Ton meilleur ami.
Celui que tu as toujours aimé.
Celui qui t'as abandonné.

breaking up slowly / avril 20xx

Tu aurais volontiers pris la matinée pour te reposer. La fermeture du Tipsy Bison avait été un peu trop agitée, la veille au soir. T'avais gardé l'ordre avec mauvaise humeur, empêchant Billy et Adam de se cogner et de détruire la moitié du mobilier. Maria t'avait offert une ou deux bières de plus pour te féliciter de ton efficacité, avant de s'en aller. T'avais pensé que les choses se calmeraient, que le ménage serait vite fait et que tu pourrais rentrer — mais Seth t'avait faussé compagnie pour aller cuver, et tu t'étais occupé de tout ranger. T'avais pas bronché. Mais un de ces quatre, tu l'enverrais chier.
Et gare à ton cul, mon Seth, le jour où Maria l'apprendrait.

T'es pas là depuis assez longtemps pour faire la fine bouche, cependant. L'amertume sur la langue, la fatigue dans tous tes muscles. Tu avais accepté de passer la matinée à prêter main forte aux serres. T'as pas envie de t'attirer des ennuis, pas envie d'être ingrat. Et tu te contentes de prendre la route de ton assignement, les mains dans les poches, la fatigue te rendant plus grincheux que tu ne le voudrais. Fallait aider. Tu t'y ferais.

« Miro ? » Tu entends sa voix avant de la voir. Ne l'as même pas remarquée, la silhouette qui s'approchait à pas feutrés. À quelques mètres de là, visage fantôme qui t'avait hanté.
Tu t'arrêtes.
L'observes sans comprendre.
C'est impossible.

Tu en as le coeur tombé dans les talons, l'envie terrible de gerber. Tripes retournées, les plus mauvais de tes souvenirs remontant à fleur d'esprit pour te faire regretter d'être encore en vie. Non.
C'est impossible.

Mais c'est bien elle. Tu la vois comme tous les autres à Jackson. Entière. Bien vivante.

C'est impossible.
Tu l'as vue tomber.
Tu as vu la balle la faucher.

Elle était perdue.
Morte.
Tu l'as pleurée.

Tu as fait ton deuil.
Ou du moins, tu as essayé.

La haine au coeur, et toujours le regret de ne pas l'avoir enterrée.

Tu fermes les yeux.
Elle va peut-être disparaître.
Mais sa voix était bien là. Tu rouvres les paupières, et elle est toujours là.

C'est Nina.

« ... Nina ? » Non. C'est impossible. Tu te reprends, secoues la tête. « No. That's impossible. » Tu veux faire demi-tour, mais n'y arrives pas. Les pieds trop lourds, la gorge gonflée par les regrets. Par l'espoir fou de l'avoir retrouvé. Envie d'aller te perdre dans le travail aux serres, plutôt que d'affronter une cuisante réalité. Une hallucination. Une illusion.
Un fantôme.
Une jumelle perdue.

Ou pire que tout cela : Nina avait survécu.
Nina était vraiment là.

Et toi, tu l'avais abandonnée.
Sans te retourner.
Sans même la chercher.

À jamais bourré de regrets.

breaking up slowly / avril 2036

Depuis des années, tu te répètes que Miro est mort. C'est plus facile de gérer son absence comme ça, de l'enterrer et de faire ton deuil, autant que ça te déchire les entrailles de juste y penser. Miro est mort, tu te répètes tous les jours en pensant à lui, parce que c'est plus simple de se dire ça, plutôt que de savoir que vous vous êtes perdus. Qu'il est quelque part, à vivre une vie qui ne peut pas être simple et douce, à être loin de toi, à t'avoir abandonnée, laissée pour morte dans la boue et la noirceur. Si Miro est mort, tu as plus de difficulté à lui en vouloir. Si Miro est mort, tu peux essayer de continuer de vivre pour lui. Mais tu as toujours su, dans le creux de ton coeur, que ce n'était pas vrai. Que Miro était quelque part, et que tu ne le reverrais jamais.

À quel point tu avais tort.

Il est là, à quelques pas, arrêté dans son élan, toujours le même visage, toujours le même regard. Tu as le coeur qui accélère et qui s'arrête et puis qui fait un bond, et tu ne sais pas quoi dire, tu ne sais pas quoi faire. Il est là, et toi aussi. Et à voir la manière qu'il te regarde, comme si tu étais un fantôme, apparition morbide dans la lumière matinale, il ne peut pas le croire non plus. « ... Nina ? » Tu as envie de te mettre à pleurer, à l'entendre prononcer ton nom ainsi. Ça semble lui écorcher les lèvres tout autant que lui apaiser le coeur. Combien de fois avais-tu secrètement espéré entendre ton nom de ses lèvres à nouveau ? « No. That's impossible. » Tu ne peux pas lui en vouloir de réagir ainsi ; et pourtant, la brûlure est là. Jamais bien loin. Parce que Miro était parti et ne t'avais pas cherché. Miro t'avait abandonnée. « It's me. » Que tu lui réponds en t'approchant encore un peu, laissant les rayons de soleil encore timides éclairer ton visage. « I came looking for the Fireflies. » Tu souffles, la voix écorchée, ne pouvant empêcher un peu de colère s'éveiller dans ta gorge. « Have you been here all this time ? » Tu ne sais plus comment lui parler. Tu ne sais plus qui il est. Ton coeur rattaché au sien, et tout le reste éteint.

breaking up slowly / avril 2036

« It's me. » Ça ne te revient pas. Le coeur dans l'estomac, l'estomac dans les talons, et l'envie de tourner ces derniers pour fuir cette foutue situation. C'est Nina. Tes yeux ne te mentent pas. Sa voix non plus. Ses mots ne font que souligner cette réalité que tu ne parviens pas à avaler. Nina est en vie.
Nina est ici.
Ça fait trop de coïncidences. C'est impossible.
Impossible.

Et pourtant.

« I came looking for the Fireflies. » Tu secoues la tête. Les dents serrées, la soudaine montée de colère à l'entente de ce nom que tu avais choisi d'oublier. Don't talk about them. « Have you been here all this time ? » Tu entends l'accusation légère, dans sa voix — et tu réalises soudain qu'elle est bien là.
Nina est en vie.
Ce qui veut dire que tu l'as abandonnée

Alors que tu aurais pu la sauver.

« There are no Fireflies anymore. Not here at least. » And I don't want to talk about it. « I've only been here for a few months. » C'est brutal, expéditif. Tu as mobilisé tout ton petit change pour être capable de répondre à ses questions avant de lui balancer la tienne. Tu as parlé du plus vite que tu pouvais, ne réfléchissant ni à l'identité de ton interlocutrice, ni où la discussion s'en allait. « How ? » La seule question qui importait. Celle qui explosait dans tes instincts, souffle brûlant sur tes lèvres. « You died. » Visiblement pas. « I saw you. You got shot, and you fell. » And then, Sergei told me that you were dead. That there was nothing we could do.
Nothing.
He lied.
I could've done something.

I could've saved you.

He lied.

And I lied to myself, too.

breaking up slowly / avril 2036

Tu ne sais pas quoi penser. Est-il même content de te retrouver ? Car dans ses yeux, tu ne vois que la confusion, que la colère. Même pas un peu de bonheur, Miro ? J'croyais qu'on étaient amis, toi et moi.
J'croyais même qu'on étaient plus que ça.

Ça te fait serrer les dents. Les poings, aussi. Tu sautes aux conclusions. Tu ne penses plus correctement ; tes pensées font le zigzag dans ta tête, allant dans toutes les mauvaises directions, parce que tu n'étais pas prête à ça. Tu étais venue à la recherche des Fireflies, suivant une vieille rumeur, espérant peut-être retrouver les tiens après toutes ces années. Tu ne le cherchais pas lui. Et le voilà devant toi. Encore plus grand, encore plus beau. Damn you, Miro. Damn you. « There are no Fireflies anymore. Not here at least. » Tu le toises, les yeux plissés. Est-ce que c'est ta seule réponse ? Et puis, ce n'était pas tout à fait vrai. On t'avais présentée à Tommy la veille, après tout. Plus un Firefly depuis longtemps, mais l'appartenance restait toujours près du coeur. « I've only been here for a few months. » Tu as envie de taper du pied, de crier, de pleurer. De lui demander des explications, pourquoi il t'a abandonnée, pourquoi il ne t'a pas cherchée. C'était plus facile de le croire mort, de croire que tu ne le reverrais plus jamais ; que ces atroces questions n'auraient jamais à franchir tes lèvres. Pire encore, tu ne pensais jamais peut-être obtenir une réponse.

Tu sens tes yeux brûler, mais tu refuses de pleurer. Tu ne sais même pas à quoi seraient dû tes larmes. La joie, la colère, le désespoir ? Aucune idée. Miro qui te jouait dans la tête. Tiens, ça faisait longtemps. « How ? » Tu le toises. « You died. I saw you. You got shot, and you fell. » Ça pique plus fort, dans le coin de tes yeux. Ta gorge, gonflée. Tu serres les poings encore plus fort, enfonçant tes ongles dans ta peau pour t'empêcher de pleurer. Mais ta voix sort tremblante. « I did. I got shot and I fell. » Tu fais un pas en avant. « But I didn't die. » Tu tournes légèrement la tête, pour qu'il puisse voir ta cicatrice. Longue et fine, sur le côté de ton visage. La balle qui avait bien failli te tuer, ce jour-là. Si seulement... Don't say it, Nina.
Don't.

« No thanks to you. » Ça sort avec plus de poison que tu n'aurais pu l'imaginer. Mais les années t'ont laissées emmagasiner toute l'amertume de ton abandon. « I lay there for hours. In the mud, in the cold. It was a coincidence people found me. They saved me. » Ta voix tremble alors que tu cognes l'air de tes poings. Tes larmes sont là, aux coins des tes yeux. Elles ne coulent pas, cependant. « I only woke up to find that my friends had abandoned me. That you abandoned me. » Tes mots se cassent. Tout dégénère trop vite. Mais tu n'arrives pas à être heureuse de le retrouver.
Pas maintenant.
Pas tant que tu ne sauras pas.

Pourquoi tu m'as laissée là ?

breaking up slowly / avril 2036

« I did. I got shot and I fell. » Le pire moment de ta vie, ou presque. Souvenir vivace, marque au fer rouge à laquelle tu n'avais pu te soustraire. Il ne passait pas plus de quelques jours avant que le cauchemar de la mort de Nina ne revienne te hanter. Inlassablement, fatidiquement. T'empêchant de faire ce deuil que tu avais pourtant tant essayé de traverser. Dont tu pensais t'être tiré, en dépit des mauvais songes récurrents. Et voilà qu'elle réapparaissait.
Voilà qu'elle n'était jamais morte.
Voilà que ton monde s'écroulait.

Tu aurais pu la sauver.
Tu l'avais abandonnée.

Tu lis les mêmes accusations dans ses yeux, mais elle ne s'y arrête pas. Pas pour le moment, en tout cas. « But I didn't die. » Obviously. Tu la connais, Nina — et tu vois qu'elle est au bord de pleurer. Qu'elle ne s'attendait pas plus à tomber sur toi que toi sur elle. Et voilà le tour que la vie vous jouait. Sans pitié.
« No thanks to you. » Ça claque, c'est mérité, tu serres les dents et tu as envie de hurler. Tu sais qu'elle a raison, mais de l'entendre te donne envie de gerber. Tu te hais. Des années entières passées à te convaincre que ça n'aurait servi à rien de faire demi-tour. Que la balle l'avait tuée, la chute achevée, et que tu avais fait ce qu'il fallait. Sauvé ta peau, plutôt que de mourir à ses côtés. Tu avais tort.
Et pour ça, tu te haïssais.

« I lay there for hours. In the mud, in the cold. It was a coincidence people found me. They saved me. » Les explications ne provoquent aucun soulagement. Des dizaines de questions surgissent, mais toutes sont étouffées par la seule colère que tu es incapable de ravaler. « I only woke up to find that my friends had abandoned me. That you abandoned me. » L'accusation est légitime, mais entendre la vérité des lèvres de Nina te fout dans une rage que tu ne t'expliques pas. Elle en a la voix qui tremble, mais la tienne se hausse. L'amertume aux lèvres. La défensive inutile. Mais c'est tout ce que tu as. « They told me you were dead ! » Tu pointes un doigt vers elle, après ça. Élan féroce, te rapprochant d'elle sans pour autant la toucher. Tu devrais pleurer de soulagement. La serrer dans tes bras. Prendre le reste de ta journée pour la retrouver. Lui demander de quoi avaient été faites les dernières années. Mais t'es pas comme ça. Nina non plus.
La colère répond au chagrin,
La fureur remplace le soulagement.
Et la honte, au milieu de tout ça, te bouffe trop pour que tu puisses l'ignorer plus longtemps.

« You were dead ! » But you should have checked for a pulse. You should have turned back for her. She was everything to you, and you didn't even take the time to check if she was alive. « Everyone was shooting like crazy. I barely made it out alive ! » Ce n'était pas une excuse, pourtant — et tu le savais. Brisé. « I wanted to go back for you, but Sergei told me you were dead ! That there was nothing I could do. » That asshole. He was wrong.
All this time, he was wrong.
« You don't know what it was like. » Ton doigt pointé au plus près de son visage. Tu as la voix trop élevée. On vous regarde, et tu sais que ça ne passera pas. Que vous allez devoir baisser d'un ton, ou trouver un autre endroit où régler vos comptes.
Mais tu ne peux pas. Tu es figé, juste là.
À regarder Nina comme la revenante qu'elle est, pour toi.

She's right.
You abandoned her.

You left her to die.

And you will never forgive yourself for that.

breaking up slowly / avril 2036

Tu aimerais que ta voix ne tremble pas. Tu aimerais pouvoir le regarder dans les yeux et ne pas vaciller, ne pas avoir cette impression que tu tombes dans un gouffre sans fin. C'est compliqué de faire autrement que t'égarer, dans ta joie et dans ta peine, dans ta douleur et ta colère. You left me behind. I thought I meant something to you. Toutes les pensées les plus noires que tu as accumulées au fil des années, dans les moments les plus sombres, où ta colère ne connaissait pas de limite et que tu n'avais rien sur laquelle la déverser. Maintenant que Miro était devant toi, tu ne savais pas comment t'y prendre. Comment lui faire comprendre à quel point tu avais eu mal de scruter l'horizon et de ne jamais le voir apparaître. Jamais.
M'avais-tu oublié, au fil des années ?

« They told me you were dead ! » Sa voix tonne dans la quiétude de Jackson, et tu sais que des regards doivent se tourner vers vous ; peu importe. Tu as plus important à penser. Ça te fait chavirer le coeur mais ça n'empêche pas tes larmes de brûler tes yeux. Une s'échappe, et tu l'essuies avec acharnement. Ce n'est pas une excuse. « You were dead ! » Tu relèves le menton, lui offrant tes yeux les plus tempétueux, ton coeur se brisant encore plus à chaque mot. Tu entends les vibrations douloureuses dans sa propre voix, et tu as envie de le croire. Tu le crois. Mais ça ne rend pas la réalité moins horrible. « Everyone was shooting like crazy. I barely made it out alive ! » Tu lâches un rire mauvais, secouant la tête. « What about me ?! » Que tu t'exclames, ta voix se fracassant contre la sienne. Incapable de retenir toute la souffrance que tu avais. « I wanted to go back for you, but Sergei told me you were dead ! That there was nothing I could do. » Tes poings se serrent, et tu tapes du pied fort contre le sol qui ne réagit pas. « You could've looked for me ! My body, at least ! You left me there to rot ! » Tu t'époumones, sans toutefois être capable de vraiment crier - ta voix se brise trop pour ça.

Son doigt pointe ton visage comme une accusation. « You don't know what it was like. » Ça t'arrête net. Tu le toises, soudainement froide. La colère tourne au plus noir, alors que ton visage pâlit. « Fuck you. » Que tu hisses entre tes dents, levant tes bras pour brutalement le repousser loin de toi. Tu ne veux plus le voir, plus le sentir, plus l'entendre. « I was alone. You had all left me. My only family. You left me. » Tu lui craches, comme du venin, comme une sentence. « I thought you were my best friend. » Tu le dévisages de haut en bas. Tu trembles comme une feuille, partagée entre le désespoir et la rage. « Guess I was wrong. » À ton tour, de lever ton doigt. « Stay the fuck away from me. » Tu ne veux pas que votre discussion se termine. Tu ne veux pas le quitter ; pas si près de l'avoir retrouvé. Mais c'est plus fort que toi. Tu as envie de pleurer, de frapper quelque chose. « You don't know what it was like. » Que tu ajoutes finalement, les tremblements dans ta voix trahissant ta peine. Tu ne sens même pas les larmes sur tes joues. Tu ne ressens que le gouffre de son abandon, dans le fond de poitrine.
Celui qui ne cessait de grandir.