intervals -- (javier)

intervals / juin 2036

Javier's having a drink at the Tipsy Bison, t'avait lâché Maria alors que tu t'éloignais. Tu n'avais rien demandé. Les prémices de ton troc rapidement conclues, tu t'étais détournée pour t'en aller. Trouver un endroit où te poser, où étendre tes jambes et les laisser se délier des kilomètres que tu avais marchés. Les dernières semaines n'avaient pas été de tout repos, mais en dépit de la paix que Jackson offrait, les murs de la ville étaient pour toi presque plus étouffant que ce qui t'attendait de l'autre côté. Voilà pourquoi tu te refuses à rester.

Javier. Tu passes devant le Tipsy Bison en te demandant si tu devrais le retrouver. Pas l'impression de lui devoir quoi que ce soit — mais un truc se tord, au fond de toi, à imaginer son sourire quand il te verra. Tu pourrais passer la nuit ailleurs que dans ses bras, mais la simplicité de l'idée te plait. Pas à occuper une chambre, pas à gêner. La porte de chez lui se referma derrière toi, et t'épargnera toutes les questions qu'on te posait parfois. Pourquoi pas.

Tu gravis les quelques marches qui mènent à la galerie du bar, mais ne pousses pas la porte. Tu pourrais entrer. Te laisser guider par le son de sa voix, par son sourire, et aller le retrouver. Mais l'idée de te jeter dans la mêlée du bar t'angoissait, et tu préférais infiniment respirer quelques bouffées d'air chargées de l'été.

« Hi. » Tu reconnais Bash. Apprécies toujours les moments passés à troquer avec lui — ses demandes sont justes, et il a toujours quelque chose pour t'intéresser. Tu lui souris. « Didn't know you were in town. » « Just arrived. » Il hoche la tête. « Want to grab a beer ? » « I'm fine. But can you tell Javier I'm waiting for him out here ? » « Sure thing. » Bash ne pose pas de questions. Bash respecte tes décisions. Et sans plus tarder, avec un signe de tête poli et discret, il disparaît dans le bar derrière toi.

Tu te décales d'un pas. Appuies ton épaule contre un pilier, observes la rue se dérouler sous tes yeux. Quelques regards intrigués croisent le tien, d'autres te reconnaissent et continuent leur vie sans se soucier de ta présence ici. Ton sac encore sur le dos. La paix à l'esprit.

Y aurait eu de pires moyens de passer ta soirée, et tu le sais.

intervals / juin 2036

C'était une soirée d'été comme tu les aimais. Chaude jusqu'aux petites heures de la nuit, avec une brise pas trop fraîche. Ça te rappelait une autre vie, une vie qui t'étais hors de portée à jamais et dont tu avais fait le deuil ; mais ça faisait du bien, parfois, d'en retrouver des petits éclats, ici et là, formant un souvenir. Le climat agréable semblait avoir été contagieux pour la bonne humeur de la petite foule rassemblée au Tipsy Bison, alors que la musique joue allègrement et que les rires résonnent contre les murs du petit bar. Tu en es à un certain nombre de bières, tu ne saurais trop dire combien. Pas assez pour perdre la carte, mais suffisamment pour que tes rires soient plus bruyants que d'habitude et que tout tes tracas semblent s'être envolés. Tu profites de ton temps, pas du genre à te laisser écraser par une quelconque mélancolie, écoutant les histoires complètement débiles d'Horatio ou encourageant Andy à aller flirter avec la nouvelle barmaid. Ton sourire s'étire sur tes traits, vrai, sincère, ton coeur léger.

Tu en es à te dire que la soirée ne pourrait pas vraiment s'améliorer, mis à part remplir ton verre presque vide, quand Bash apparaît dans ton champ de vision. Il a le sourire d'un type qui a une bonne nouvelle, et quand il te dit que tu as de la visite, et qu'elle t'attends dehors, tu sens ton coeur exploser de bonheur. Tu poses une main sur ta poitrine, t'écroulant un peu sur ta chaise, alors que tes amis se répandent en coups de coudes et rires entendus. Tu les balayes de la main, tes pensées obnubilés par le reste de ta soirée, par cette femme qui faisait chavirer ton coeur et te donnait espoir. Myrrhine. Un bail qu'elle n'était pas venue dans les environs ; et tu n'étais pas prêt de la laisser filer. Tu descends le reste de ta bière d'un trait et tu files en ne prenant même pas la peine de dire au revoir à quiconque. Tu n'entends pas les protestations, poussant la porte du bar pour retrouver l'extérieur, repérant la silhouette de la belle sans la moindre peine.

« I was told a beautiful woman was waiting for me. » Tu lui souffles aussitôt, t'approchant. Ton sourire est flamboyant, tes yeux pétillants. Tu es ravi de la revoir, et tu ne te gênes pas pour le montrer ; la vie est trop courte pour te cacher. Tu glisses tes bras autour de sa taille fine, observant ses traits avec tendresse. Quelle beauté, cette Myrrhine. « They were wrong. All I see here is a living goddess. » Tu sais qu'elle va rouler des yeux devant ta flatterie, mais tu penses chaque mot. L'attirant contre toi, tu ne perds pas de temps, glissant tes doigts dans son épaisse chevelure, et ne sentant pas de résistance particulière, tu lui voles un baiser passionné. Vraiment, une belle soirée.

intervals / juin 2036

La porte du Tipsy Bison s'ouvre une première fois, et ton coeur rate un battement. Tu te redresses d'un même mouvement — mais ce n'est qu'un type que tu reconnais à peine, et tu détournes les yeux. Javier ne tarde pourtant pas. Quelques secondes plus tard, le battant s'ouvre de nouveau. Et cette fois, tes yeux trouvent ce qu'ils sont venus chercher. Son sourire fier, ses yeux brillants de l'alcool auquel tu venais de le tirer. Juste au bon moment, il semblerait.

« I was told a beautiful woman was waiting for me. » Tu pinces des lèvres sous la remarque, mais rien ne peut faire diminuer ton sourire. Il passe son bras autour de ta taille, et tu ne le repousses pas. Ils sont peu nombreux, ceux qui peuvent se permettre de te toucher sans que tu ne fasses le premier pas — mais Javier a fait tomber des défenses sans que tu t'y attendes, lorsqu'il s'est approché pour la première fois. « They were wrong. All I see here is a living goddess. » Tu lèves les yeux au ciel sous l'exaspération. « You're so full of it. » Tes mots sont joueurs, pourtant. Ton sourire ne diminue pas. Tu frissonnes en sentant sa main dans tes cheveux — et quand il t'attire à lui, tu ne le repousses pas. Accueilles son baiser avec satisfaction, tes épaules retombant, tes bras s'enroulant autour de son cou. Tu te perds dans son parfum, le laisses t'envelopper un instant. Mais on vous observe, et tu en as conscience malgré toi. Tu finis par retomber sur tes pieds, te séparer de ses lèvres. Tes doigts glissant le long de sa mâchoire, piquante sous la barbe négligée. « Don't you ever shave ? » La malice revient dans ta voix. Tu es fatiguée, et tu n'as pas particulièrement envie de rester là. Mais tu sais aussi que Javier avait sa propre soirée, et qu'il avait peut-être l'intention d'y retourner. Au pire, vous vous retrouverez. « Seems like you're having quite the party. » À en juger par son haleine alcoolisée, et par les éclats de voix qui vous parvenaient toujours du bar. Tu les vois, à la fenêtre. Se tordre le cou pour vous apercevoir. Curieux regards. « I'll wait for you at your place, if you want to go back. » I'd hate to interrupt. Tu formules la pensée aussi simplement qu'elle te vient. Pas de rancoeur, pas de suppositions. Tu comprendrais si tu avais interrompu quelque chose, et tu étais bien trop fatiguée pour les rejoindre. Si tu devais prendre une bière, ce serait loin d'ici. Au calme. Sauvage, qu'on dit.

Au moins, tu l'avais vu.
Ton souhait exaucé.

Quoi qu'il arrivait, tu dormirais en paix.